Depuis plusieurs décennies, les glaciers français reculent à un rythme inquiétant sous l’effet du réchauffement climatique. En conséquence des hausses de températures, les bilans de masse montrent une fonte accélérée dans les Pyrénées et les Alpes françaises.
La fonte des glaciers français est un phénomène observable depuis plusieurs décennies, qui prend en intensité depuis plusieurs année en raison du réchauffement climatique. Selon les dernières données du GIEC, les glaciers alpins ont perdu environ 30% de leur surface depuis 1980.
Courbe de l'évolution des températures (en °C) en hiver dans les Alpes françaises. Source : Météo-France ; traitement AGATE
Les variations de température en montagne sont un facteur clé dans la fonte des glaciers. Le premier graphique montre l’évolution des températures hivernales dans les massifs alpins. On observe qu'à partir de 1990, les températures changent drastiquement, avoisinant et dépassant parfois en moyenne les 0°C, contrairement à la période de 1960 à 1990 où les températures, se trouvent globalement dans le négatif. Cette hausse des températures a des conséquences directes sur la neige et la glace : moins de neige tombant en hiver se transforme en glace et une partie de la neige tombée fond plus rapidement. Le phénomène est renforcé par les *1 cumuls de précipitations hivernaux, qui, bien que variant d’une année à l’autre, ne suffisent pas à compenser les pertes massives.
Courbe du bilan des *1 cumuls hivernaux de précipitation (en mm) dans les Alpes du Nord. Source : Météo-France ; traitement AGATE
Etat des lieux des glaciers français
- Environ 200 glaciers en France, principalement dans les Alpes.
- Dans les Pyrénées, le glacier d’Ossoue est l’un des derniers survivants.
Les précipitations hivernales, même en période de forte neige, ne parviennent plus à compenser les pertes massives de glace. Le graphique du bilan de masse du glacier d'Ossoue met en lumière cette réalité : selon le l'Observatoire des Glaciers, entre 2010 et 2020, ce glacier a perdu en moyenne 1 à 1,5 mètre de glace par an. Ce chiffre reflète une tendance plus générale observée dans les Alpes, où les glaciers subissent un déficit de masse chaque année, malgré des épisodes de précipitations importantes. Cette perte continue de masse indique clairement que la neige tombée pendant l’hiver est insuffisante pour maintenir l’équilibre des glaciers. Le glacier d'Ossoue, situé dans le massif du Vignemale, est suivi depuis 2001 par l'Association pyrénéenne de glaciologie Moraine. Les bilans annuels de masse sont mesurés entre 2 800 et 3 200 mètres d'altitude. Depuis 2001, le glacier a perdu en moyenne 31,4 mètres équivalent d'eau, avec des variations annuelles notables. Par exemple, en 2012, une perte de 3,85 mètres a été enregistrée.
Graphique de l'évolution du *bilan de masse (en mètre) du glacier d'Ossoue, (Massif Vignemale, Pyrénées françaises). Source : Association pyrénéenne de glaciologie. Légende : Bleu marine --> Bilan par an. Bleu ciel --> Bilans cumulés
Le glacier d’Ossoue n’est qu’un exemple parmi des centaines d’autres dans les Alpes. Sur les 50 dernières années, la perte moyenne de masse des glaciers alpins a été de plus de 30 mètres d'épaisseur en moyenne, soit l’équivalent de plusieurs dizaines de milliards de tonnes de glace disparues. En 2022, certains glaciers comme celui de La Meije ont perdu jusqu’à 5 mètres de glace en une seule année, ce qui démontre l’accélération de la fonte ces dernières années. Ces données révèlent la rapidité et l'ampleur du phénomène qui touche désormais la majorité des glaciers des Alpes françaises. Les glaciers alpins français, tels que Saint-Sorlin, Gébroulaz, Argentière et Mer de Glace, ont également subi des pertes significatives.
Courbe de l'évolution du *bilan de masse (en mètre) des glaciers français. Sources : service d'observation GLACIOCLIM ; (CNRS-UJF), 2015
En moyenne, les températures hivernales dans les Alpes ont augmenté de 1,5°C en 30 ans, et les bilans de masse des glaciers, tels que celui de l'Ossoue, révèlent des pertes annuelles de glace pouvant atteindre 1 à 1,5 mètre par an. Les glaciers alpins, dans leur ensemble, ont perdu plus de 30 mètres d’épaisseur en 50 ans, une perte irréversible. Si ces tendances se poursuivent, la disparition totale de certains glaciers pourrait survenir dans les prochaines décennies.
*1 Une tempête hivernale est un événement dans lequel le vent coincide avec une gamme de précipitations qui ne se produisent qu'à des températures près ou sous le point de congélation : neige, neige mouillée, pluie et neige mêlées, grésil ou pluie verglaçante.
*Le bilan de masse est la différence entre la neige qui s’est accumulée (accumulation) et la neige et la glace qui ont fondu ou disparu au cours d’une année (ablation). Un glacier en équilibre avec le climat a un bilan de masse nul en moyenne, et un glacier en déséquilibre avec le climat a un bilan de masse d’autant plus éloigné de zéro qu’il est loin de son état d’équilibre.