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Les champs de l'innovation agricole

Les champs de l’innovation agricole 

En s’adaptant à la nouvelle technologie : robots et outils connectés. L’agriculture française se transforme peu à peu. Entre espoirs d’une meilleure efficacité, obstacles financiers et question sociale, cette révolution dessine les bases d’un métier en pleine mutation. 

Chez Naïo, ils ont mis au point des robots dignes du grand R2-D2. Prenez Oz, par exemple. Ce petit robot électrique, pas plus haut que trois pommes, se faufile entre les rangs de légumes pour désherber. Un de ses avantages, est de préserver l’agriculteur et de lui éviter des soucis de santé (problèmes de dos). 

Mais ce n’est pas tout ! Ces petits robots sont équipés de caméras qui leur permettent de voir ce qu’ils font. Ils peuvent repérer la fin d’un rang, faire demi-tour et repartir dans l’autre sens, tout ça sans qu’on ait besoin de leur tenir la main. C’est comme si on avait donné des yeux et un cerveau aux outils qui servent à l’agriculture traditionnelle. 

Une agriculture connectée

Il est possible de savoir ce que fabrique le robot quand on est à l’autre bout du champ. En effet, chaque robot est équipé d’une carte SIM, comme un téléphone portable. Grâce à ça, l’agriculteur reçoit des SMS pour savoir si le robot a fini son travail ou s’il a besoin d’un coup de boost pour sa batterie.

Et ce n’est pas que pour faire joli. Ces petites bêtes mécaniques permettent de réduire la pénibilité du travail, de limiter l’utilisation des pesticides et d’améliorer la productivité des exploitations. C’est ce qu’on appelle faire d’une pierre trois coups.

Oz n’est pas le seul robot autonome de sa famille. Il existe de nombreux robots encore comme Orio qui est destiné aux grandes cultures. Ted qui lui est fait pour aller dans les vignes, il a récemment été testé au salon du champagne. Et pour finir Jo, qui est là pour les cultures étroites.  

Oz dans son champ, sous le soleil (Baptiste Petit)

Un avenir prometteur

Bien sûr, tout n’est pas rose. Il faut que nos agriculteurs s’adaptent à ces nouvelles technologies, et ça peut faire un peu peur au début. Mais quand on voit les avantages, on se dit que ça vaut le coup d’essayer.

Naïo Technologies, par exemple, a déjà vendu plus de 450 machines dans le monde entier. C’est pas rien ! Et ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils continuent à innover pour rendre l’agriculture plus durable et plus performante.

Alors, mes amis, la prochaine fois que vous passerez devant un champ et que vous verrez un petit robot en train de travailler, ne soyez pas surpris. C’est juste l’agriculture du futur qui est déjà là, dans notre beau Gers. Et qui sait, peut-être qu’un jour, on verra ces petits robots trinquer à l’Armagnac avec nous après une bonne journée de labeur !

Source : https://www.xange.vc/media/mapping-agritech-en-france-2024

Nouvelles compétences et défis pour les agriculteurs

Le métier d’agriculteur est considéré comme l’un des plus vieux métiers du monde. Après des siècles parsemés de petites évolutions, l’agriculture a drastiquement changé depuis les dernières décennies. Du tracteur automatisé aux nouvelles formes d’agricultures, le métier tend vers une évolution radicale dans les prochaines années. “Le métier que mes parents et mes grands-parents ont connu ce n’est plus le même qu’aujourd’hui”, explique Alexandre Duffaut, étudiant en BTS stratégie agricole dans le Gers. “Moi ça ne me déplait pas, il y’a des avantages et puis le métier est moins physique qu’avant” ajoute le jeune agriculteur. Le point négatif de cette évolution relevé par une majorité d’agriculteurs, c’est la paperasse. “On passe au moins une journée voir deux à remplir des papiers alors qu’on pourrait être dans les champs ! ” s’exclame Alexandre. 

Les outils numériques envahissent les fermes : capteurs intelligents pour surveiller l’humidité des sols, plateformes en ligne pour prévoir les récoltes, ou encore applications mobiles permettant de suivre en temps réel l’état des cultures et la météo avec une précision impressionnante. La révolution ne se limite pas à l’équipement, elle définit maintenant la manière de travailler des agriculteurs.
 « Avant, je commençais ma journée en allant directement dans les champs. Maintenant, je commence par consulter une application pour voir quelles parcelles nécessitent mon attention, » explique Alexandre. 

Les besoins se multiplient et des entreprises comme Naïo Technologie tentent leur chance en innovant dans le secteur agricole. Naïo Technologies, basée près de Toulouse, créer des robots complètement autonome pour aider les agriculteurs. « Nos machines sont conçues pour simplifier le travail dans les champs, mais leur prise en main nécessite quelques heures de formation. L’objectif est que chaque utilisateur devienne plus autonome rapidement, » précise Fabien Roussel, directeur de la communication chez Naïo.

Des défis à la hauteur des promesses

Cependant, cette modernisation ne se fait pas sans heurts. L’un des principaux obstacles reste l’accessibilité financière. « Je ne peux pas m’acheter un tracteur à 6 chiffres, certes la technologie équipée dans ces engins est meilleure mais ce n’est pas rentable tout seul » souligne Alexandre. Pour pallier cette difficulté, des coopératives se forment autour de l’achat mutualisé de ces technologies “on se regroupe autour d’une Cuma qui est une organisation entre agriculteurs et on achète du matériel récent à plusieurs. Le problème c’est qu’il faut partager. Il y’a des périodes où l’on aurait aimé que ce soit notre tour pour la moissonneuse batteuse, malheureusement des fois on doit attendre”. 

À cela s’ajoutent des défis autour de l’apprentissage. Les agriculteurs plus âgés, habitués à une approche traditionnelle, peinent à s’adapter. Avant l’arrivée de technologies pointues le métier d’agriculteur était plus simple. Il n’y avait pas besoin de faire d’école spécialisé dans le management pour gérer une ferme, aujourd’hui pour qu’une ferme survive c’est presque obligatoire.

Une révolution humaine autant que technologique

Derrière ces défis techniques il y a une mutation : celle du rôle de l’agriculteur dans la société. Loin de l’image d’un travailleur solitaire, l’agriculteur moderne devient un chef d’entreprise hyperconnecté. Cette transformation entraîne aussi un bouleversement des rapports humains au sein des exploitations. « Avec l’automatisation, je passe moins de temps dans les champs et plus devant un ordinateur. J’ai parfois l’impression de m’éloigner de mon métier d’origine, » admet Alexandre.

Dans les fermes souterraines de Grow Deal au MIN de Toulouse, les boxs noirs renfermant des plantations artificielles cultivés à la seule force de la technologie. Mathis Torgue, le créateur des fermes pensent que les innovations futures peuvent rendre les outils encore plus accessibles : « Nous développons de nouvelles technologie pour nos fermes afin d’optimiser la pousse. Nous avons fait un pari sur l’avenir, et l’évolution des technologies en général pourrait nous permettre de maximiser nos récoltes et de repousser notre pire ennemie : les moucherons ». 

Les boxs de la ferme de Grow Deal sont en permanence éclairés par une lumière ultraviolette (Baptiste Petit)

L’agriculture d’aujourd’hui, en s’enrichissant de ces innovations, est confrontée à une question : comment faire cohabiter tradition et modernité ? Une interrogation source de débats au coeur des discussions, à la fois dans les exploitations et dans les écoles agricoles. Les obstacles et controverses de l’innovation dans l’agriculture  font partie des sujets plus qu’importants dans le futur de l’agriculture française et posent des questions sur pour l’avenir du secteur. 

Des questions sociales

Au niveau de l’emploi, les nouvelles technologies dans l’agriculture font des inquiets. Selon une étude de l’INRAE, l’automatisation pourrait entraîner une baisse de 20% des emplois agricoles d’ici à 2030. Mais cette évolution crée également de nouveaux métiers, notamment dans la maintenance et la programmation des équipements high-tech. “Pour réparer un tracteur de haute technologie il faut faire appel à un technicien spécialisé, pour nous c’est impossible de comprendre la cause du panne sur les systèmes informatiques du tracteur”. 

La fracture numérique est un autre enjeu. En 2022, 15% des exploitations agricoles françaises n’avaient toujours pas accès au haut débit, et ne ouvrait pas utiliser de technologie moderne.

Une absence d’innovation en France ?

Contrairement à certaines idées reçues, la France n’est pas en retard en matière d’innovation agricole. Elle se classe 2ème en Europe pour le nombre de startups AgTech, derrière le Royaume-Uni. Cependant, le défi réside dans la diffusion à grande échelle de ces innovations. Par exemple, l’entreprise Naïo technologie ne vend que très peu de robots en France. Le plus gros de son marché se trouve majoritairement en Asie ou dans les pays d’Europe de l’Est. Pour cause, l’investissement nécessaire pour adopter ces technologies est un frein important. Le coût moyen d’un robot agricole comme ceux développés par Naïo Technologies s’élève à environ  50 000 euros, un montant conséquent pour la plupart des exploitations.

Si l’innovation dans l’agriculture présente des perspectives prometteuses, elle soulève cependant des défis qui nécessitent une approche plus réfléchie pour assurer une transition vers l’agriculture du futur.

Baptiste Petit et Clarence Dubois