À l’ère du numérique, avec une préférence croissante pour les liseuses et plateformes de lecture en ligne, il est faux de supposer que les jeunes de la Ville rose boudent les librairies physiques. Ils les réinvestissent, portés par les tendances des réseaux sociaux.
A la librairie Gibert Joseph, au cœur de Toulouse, le verdict est sans appel. « On voit beaucoup plus de jeunes dans nos rayons ces dernières années, surtout dans les rayons jeunes adultes », a déclaré Maéla Masmoudi, salariée de la librairie. Si des individus déambulent parmi les bibliothèques, ils peuvent apparaître avec des intentions précises, généralement motivées par des mentions sur TikTok ou Instagram. Des titres tels que les sept Maris d’Evelyn Hugo ou It Ends With Us arrivent souvent en tête des ventes, rapporte Amazon.
Les réseaux sociaux, nouveaux prescripteurs littéraires
Le phénomène s’explique en partie par la tendance #BookTok sur TikTok, qui a transformé la manière dont les jeunes découvrent la littérature. Des extraits de livres, des résumés captivants ou des avis enthousiastes postés sur ces plateformes suffisent parfois à déclencher un engouement massif.
« C’est grâce à l’ère numérique, notamment Tiktok, que les ventes de livres ont augmenté dans les librairies », admet l’employée de Gibert. « Les jeunes lecteurs viennent chercher ce qu’ils ont vu passer en ligne, mais en version papier. Ils aiment avoir l’objet en main, le feuilleter, l’exposer. » Une dynamique qui contribue à réconcilier le numérique et la lecture traditionnelle.

À contre-courant de l’idée d’une jeunesse déconnectée des bouquins, une étude du Centre National du Livre (CNL), publiée en 2023, révèle que 89 % des 15-25 ans ont acheté au moins un livre papier au cours de l’année. Cette nouvelle génération de lecteurs accorde une importance particulière à l’expérience : toucher les pages, sentir l’odeur des livres, ou encore, souligner des phrases. « La plupart des lecteurs possèdent des livres en papier, ainsi que des Kindles ou autres appareils similaires. Par exemple, moi, je trouve que les Kindles sont pratiques le soir, mais je préfère les livres. J’éprouve un certain plaisir à voir les livres en version physique. Je pense que ce sentiment perdurera, peu importe les avancées technologiques », insiste-t-elle.
Si le numérique continue de se développer, les librairies toulousaines prouvent que le papier conserve une place unique dans le cœur des jeunes.