Nul besoin de vous la présenter, si vous êtes un adolescent ou un jeune adulte vous l’avez déjà utilisée au moins une fois. Il s’agit de l’une des applications les plus téléchargées au monde, Tiktok, dont la popularité est en constante augmentation. Jusqu’à présent utilisée comme source de divertissement, elle permet à présent à des milliers de personnes de gagner leur vie. On les appelle les influenceurs, ces individus suivis par des milliers voire des millions d’internautes, comme Yovan, 21 ans, amateur de ces «lives matchs» tant controversés sur le web. Reportage sur ce nouveau concept pour mieux le comprendre.
Une ambiance compétitive, des cris, de joie ou de rage, des encouragements, et de la tension entre deux créateurs de contenu. Tel est le quotidien de Yovan, rythmé par des «lives» soigneusement planifiés avec ses collègues. Chaque jour, il reçoit de l’argent sous forme de cadeaux virtuels, qui lui sont envoyés par ses abonnés.
Yovan s’est lancé sur tiktok pendant le confinement du COVID 19. Pour lui, c’était d’abord un moyen de fuir la réalité oppressante de la crise sanitaire: «c’était mon exutoire, mon cocon, dans une maison plongée dans les cris, dans un moment ou la France entière était enfermée chez elle»nous confie t’il. Grâce à ce dévouement, et à son concept inspiré d’une «trend» américaine, les POV, il a finalement connu ses premiers succès. Il compte à ce jour 1,7 million d’abonnés et il gagne sa vie grâce à son influence sur Tiktok.
Un système économique douteux
Depuis quelques mois, Yovan a découvert les lives matchs : il s’agit d’une compétition en duel avec un autre influenceur en direct, dont l’objectif est de gagner le plus de points. Ces points, ce sont leurs abonnés qui leur en font don, sous forme de cadeaux virtuels, qu’ils achètent avec leur argent. Allant de 1 centime pour une rose, à 400€ pour un lion, cela peut aller jusqu’à doubler le revenu hebdomadaire d’un influenceur. Même si la plateforme prélève 50 à 70% de la somme, ces revenus, considérés comme des dons, ne sont pas toujours déclarés aux impôts. Un système économique douteux, qui leur rapporterait selon Audrey «jusqu’à 100 000 euros par mois» dans les cas les plus extrêmes.
Naïveté ou dépendance?
Audrey est la propriétaire de la page Instagram Vos stars en réalité, qui dénonce les pratiques frauduleuses des influenceurs. Pour comprendre cette pratique, elle a analysé des matchs TikTok pendant plusieurs mois et a constaté un véritable problème de dépendance. « Pour certains jeunes, il y a cette illusion de devenir ami avec celui qui fait les matchs. D’autant plus quand ces personnes écrivent en privé aux donateurs« .
Pour autant, rien d’illégal dans cette façon de gagner sa vie, et Yovan assure que «la plupart des abonnés ont entre 18 et 24 ans» mais avoue qu’ «il est très facile de mentir sur son âge sur l’application.»
STEPHAN Elodie, J1 ISCPA Toulouse