Éclairage sur l’ergothérapie : le quotidien d’Apolline Giroud

Portrait photo d'Apolline CR°AG
Depuis deux ans, Apolline Giroud exerce le métier d’ergothérapeute dans un hôpital toulousain. Passionnée par un métier peu connu du grand public, elle nous explique les joies et les peines de son quotidien.

L’ergothérapie est une discipline de soins. Elle vise à accompagner des patients handicapés, âgés ou des enfants… Le but est de leur permettre de trouver des solutions afin qu’ils puissent réaliser un plus grand nombre de gestes de la vie quotidienne de façon autonome et indépendante.

L’ergothérapie se compose en deux unités. Celle de la rééducation : l’intérêt est de faire des exercices et des manipulations avec le patient, et celle de la réadaptation. Apolline est, elle, dans cette seconde unité : « C’est un service médico-social où je vais au domicile des patients. C’est plus de la coordination. Je vais leur proposer des aides techniques (ensemble de logiciels ou équipements qui aident à pallier les difficultés de la vie quotidienne), changer de logement s’il n’est pas adapté à leurs besoins… » , précise-t-elle.

Apolline Giroud en train de tester un nouveau type de fauteuil roulant avec la tête

Pour Apolline, les patients les plus compliqués sont ceux avec des troubles cognitifs et/ou psychiques. « C’est compliqué, parce qu’il peut y avoir une crise qui arrive de nulle part. Dans ce cas-là, il faut savoir bien réagir, donc rassurer la personne, etc.… Ça m’est arrivé quand j’étais en stage dans un hôpital psychiatrique. On était en train de faire un atelier dessin et une des patientes m’appelle toute paniquée et elle me dit « Apolline, j’ai une voix dans la tête qui me dit que ce que je fais, c’est diabolique, il faut que j’arrête tout maintenant ». Sur le coup, je ne savais pas quoi lui dire ni quoi faire et je me suis tournée vers ma tutrice qui m’a expliqué qu’il fallait la rassurer et essayer de comprendre pourquoi elle pensait que c’était diabolique ».

Selon la jeune ergothérapeute, les qualités les plus importantes pour ce métier sont l’écoute, la bienveillance, mais pas que. « Il faut aussi savoir être créatif et manuel. Certaines personnes ont plus de difficultés que d’autres et la créativité permet de créer de nouvelles choses pour les aider à comprendre. Il faut aussi savoir travailler en équipe, par exemple dans mon unité, on est amené à communiquer avec des infirmières, des psychologues, des médecins, des travailleurs sociaux et autres. Ça permet d’offrir un accompagnement complet et personnalisé aux patients », détaille Apolline.

Un métier de l’ombre

La jeune femme se désole du fait que le métier ne soit pas suffisamment reconnu. En France, on dénombre seulement 15 000 ergothérapeutes. « Pour beaucoup encore, on est les gens qui s’occupent des fauteuils roulants. Les médecins ne savent pas pourquoi ils prescrivent l’ergothérapie… Ils confondent avec le kiné, psychomotricien, neuropsychologue et tout ça. C’est un peu dévalorisant, parce qu’on fait plein d’autres choses ». Pourtant, la distinction des métiers est à faire : « Ce n’est pas mon travail d’être psychologue par exemple. Dans les cas les plus graves, je peux seulement orienter les patients vers les professionnels ». Plus tard, Apolline souhaiterait se tourner vers un établissement où la profession est reconnue : « C’est le mieux pour s’épanouir ».

Au début, la jeune femme souhaitait s’orienter vers une autre carrière : « J’ai fait une première année de médecine que je n’ai pas réussie et c’est là où j’ai découvert le métier d’ergo. Je ne regrette pas, car avant je me disais qu’être médecin c’était génial, mais dans cette profession, on est plus proche du patient, on l’accompagne pour trouver des solutions et c’est ce que j’aime le plus dans mon métier ». D’ailleurs, Apolline souligne que cette proximité crée des liens. Quand un patient part dans un autre service, elle ressent comme « un pincement au cœur ».

À l’avenir, la jeune femme s’autorise à élargir son cercle de patients et peut-être à s’occuper d’enfants. « Je sais que je ne veux pas travailler avec les personnes âgées », affirme-t-elle. Pour l’instant, elle ne se voit pas encore ouvrir son propre cabinet. « Les séances ne sont pas encore remboursées par la sécurité sociale. Je ne veux pas faire de discrimination, alors je préfère rester en institution pour le moment », conclut Apolline.

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