Jeunesse et engagement politique à Toulouse : deux visions s’opposent

Maxime Vigneaux est président de l'association Les Engagés à Toulouse ©Clément Thiery
Toulouse, ville moderne et dynamique, abrite une jeunesse qui se questionne de plus en plus sur son avenir et son rôle dans la société. Parmi eux, certains s'engagent politiquement, tandis que d'autres restent plus sceptiques. À quelques mois des élections européennes de 2024, beaucoup de questions se posent, dont celle de l’investissement des jeunes dans ce processus démocratique. Rencontre avec deux étudiants toulousains aux visions opposées.

Maxime Vigneaux, étudiant en deuxième année de Droit à la faculté du Capitole, a repris l’association apartisane Les Engagés en juillet 2023 avec l’ambition de donner aux jeunes toulousains les clés pour comprendre les enjeux politiques et s’engager dans la cité. Ateliers débats, conférences et rencontres avec des personnalités politiques, tous ces événements sont organisés afin d’accompagner au mieux les jeunes qui souhaitent se sensibiliser aux enjeux politiques et géopolitiques de notre société. Pour Maxime, cet engagement est essentiel pour faire entendre la voix des jeunes et construire un avenir meilleur. « Les jeunes ont des idées, des envies et des solutions à proposer. Il est important qu’ils puissent s’exprimer et participer au débat public. »

De son côté, Charline Fourel, étudiante en deuxième année de Licence administration économique et sociale dans le même établissement, ne se sent pas attirée par la politique. Elle trouve le monde politique trop complexe et opaque, et elle a l’impression que les jeunes ne sont pas écoutés. « Je ne vois pas l’intérêt de m’engager en politique. Je n’ai pas l’impression que ça puisse changer grand-chose. » Et Charline est loin d’être la seule dans ce cas. Selon l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire (INJEP), 23 % des 18-24 ans et 25 % des 25-29 ans inscrits sur les listes électorales n’ont voté à aucun tour des élections présidentielles et législatives, en 2022. C’est le cas de 16 % de l’ensemble des inscrits sur les listes électorales.

Deux visions, deux réalités

Maxime et Charline illustrent les deux faces de la jeunesse toulousaine face à l’engagement politique. D’un côté, des jeunes qui se sentent concernés par les questions de société et qui veulent participer à la construction d’un monde meilleur. De l’autre, des jeunes qui restent sceptiques et qui ne voient pas l’intérêt de s’engager. Alors, comment faire pour inciter plus de jeunes à s’engager politiquement ?

• Favoriser l’éducation civique et le débat public

Il est important de donner aux jeunes les outils nécessaires pour comprendre les enjeux politiques et s’approprier les codes du débat public. Pour le président des Engagés, « Les cours d’EMC par exemple sont trop souvent négligés au lycée, et même au collège ». Il serait alors intéressant de pousser la réflexion des lycéens et des collégiens en développant des actions de sensibilisation et d’information. 

• Encourager les initiatives citoyennes

Il existe de nombreuses formes d’engagement politique, en dehors des partis traditionnels. Il est tout aussi important de soutenir les initiatives citoyennes qui permettent aux jeunes de s’exprimer et de participer à la vie de la cité. D’autant plus que les chiffres le démontrent : lors des dernières élections européennes de 2019, seulement 32 à 37% des 18-39 ans ont participé au scrutin en France. Pour la prochaine échéance de juin 2024, les taux de participation ne s’annoncent pas plus significatifs dans cette tranche d’âge. Cela vient surtout du fait que les jeunes ne sont pas suffisamment encouragés à participer à la vie démocratique pour ce type de processus. « J’avoue avoir entendu parler des élections européennes que très vaguement, c’est un sujet qui me semble très flou, je ne saurai même pas l’expliquer. Et je ne pense pas aller voter en juin prochain d’ailleurs », témoigne Charline. 

• Donner aux jeunes la parole

« En 2019, Jean-Luc Moudenc, maire de la Ville Rose, avait publié un Livre Blanc pour les municipales de 2020, où tous les jeunes qui le souhaitaient avaient la possibilité de donner des propositions et des idées afin de participer à la vie citoyenne de la cité », explique Maxime. Les jeunes ont des idées et des solutions à proposer. Il est important de les écouter et de leur donner la place qu’ils méritent dans le débat public. En favorisant cette écoute, il est certain qu’ils seront de plus à vouloir donner leur voix et se faire entendre

Un monde qui peut faire peur

« De plus en plus de jeunes sont motivés par une sorte de renouveau, un élan de fraîcheur et osent sauter le pas de l’engagement. Même si le milieu politique peut parfois faire peur de par ses rivalités et ses scandales » selon Maxime Vigneaux. C’est exactement ce que ressent Charline, et c’est finalement peut-être aussi la raison principale pour laquelle les jeunes décident de ne pas se pencher sur la politique. « J’ai peur de ne pas vraiment bien exprimer mes idées, ou juste de me confronter à quelqu’un qui n’a pas du tout le même. Je connais mes convictions, mais encore une fois, je ne pense pas avoir suffisamment de connaissances pour prendre les devants », se confie-t-elle. Alors oui, la jeunesse toulousaine est en mouvement. Mais il reste primordial de soutenir les initiatives et de rassurer les jeunes afin de construire une société plus inclusive et plus démocratique.

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