Moutons, chèvres: les jardiniers de demain?

Ils sont 6 bébés et 5 brebis à avoir débarqué sur les pelouses de Marchant. Crédit photo: Lucas Di Guardia
L'éco pâturage, c'est une nouvelle pratique qui consiste a remplacer les jardiniers par des animaux pour entretenir pelouses et terrains. Retour sur ce nouveau phénomène avec les deux créateurs de Tondobelle.

L’hôpital Gérard Marchant a accueilli de nouveaux arrivants ! Elles sont 5 brebis et leurs 6 enfants à avoir débarqué sur une large parcelle herbeuse du site. Et leur mission est simple comme bonjour : elles sont là pour tondre la pelouse.

A l’origine de ces nouveaux pensionnaires, on retrouve l’entreprise Tondobelle. Créée il y a 3 ans par Alexis Robin et Manu Brousseau. « On est nés tous les deux dans des familles d’éleveurs, donc on voulait vivre de notre passion tout en faisant une action pour la planète. Tondre la pelouse ça ne sert à rien, c’est juste pour faire joli. Quand on voit tout le co2 dépensé pour ça on se dit que c’est une bêtise. » explique Alexis

Le principe est simple : après avoir effectué les premiers échanges avec un futur client, les deux éleveurs se rendent sur place et installent tout d’abord les clôtures qui accueilleront les animaux, le tout en étudiant le terrain. « On fait en fonction de ce qu’il y a sur place. Quand il y a des ronces on met des chèvres, et à Marchand l’herbe correspond parfaitement aux moutons ». Au total, les deux éleveurs possèdent près de 600 animaux, 450 moutons et environ 150 chèvres.

 Ils y ajoutent ensuite un abri et un abreuvoir puis conviennent d’une date pour l’arrivée des animaux. Une fois les nouveaux pensionnaires installés, le vrai travail commence pour les deux cofondateurs de Tondobelle. Deux fois par semaine, ils effectuent un tour de l’ensemble de leurs clients afin de s’assurer du bien être des animaux, mais aussi pour équilibrer leur nombre. « En passant 2 fois par semaine afin de réguler au mieux : il faut que les animaux aient assez à manger, mais aussi que le travail soit fait et que tout soit tondu » partage Manu.

 » Autant d’allers-retours, ça peut bien sûr poser des question au niveau du rejet de CO2, mais on a fait faire une étude et le rapport est de 1/7  par rapport à quelqu’un qui va tondre avec des machines, et tout ça sans compter le coût carbone de construction de ces machines » affirme Alexis Robin.

 LE BIEN ETRE ANIMAL AVANT TOUT

Il y a bien sûr quelques risques pour les animaux, mais ils sont rares. « On attache énormément d’importance à la sécurité de nos animaux et des sites choisis. Il faut une clôture adaptée, et assez haute pour empêcher les animaux de sortir et les gens extérieurs de rentrer » « Les animaux sont également pucés pour palier au vol » partage l’un des éleveurs.

« On est pas dans de l’élevage conventionnel donc nos animaux vivent beaucoup plus longtemps. Dans l’élevage standard, une femelle est présentée à un mâle dès ses 6 mois et ils sont contents si elle vit environ 8 ans. A Tondobelle, la reproduction commence à 18 mois et les animaux vivent généralement jusqu’à 10-12 ans » .

« Beaucoup d’entreprises d’éco pâturage louent des animaux à des éleveurs pour les utiliser. Nous, ce sont nos bêtes donc forcément on accorde beaucoup d’importance à leur sécurité et leur bien être » indique Manu Brousseau.

L’ARGUMENT DE LA BIODIVERSITE

Pour ce qui est de la race des moutons, elle n’a pas non plus été choisie au hasard. Ce sont des solognotes, qui sont en voie de disparition et font l’objet d’un plan de préservation depuis des années. Les deux fondateurs de Tondobelle font d’ailleurs parti des plus gros éleveurs au monde de cette race. « En plus d’être une race parfaitement adaptée à l’éco pâturage, parce qu’elle résiste à différents climats, on la trouvait aussi très jolie physiquement donc le choix n’était pas compliqué » partage Alexis.

A Marchant, l’un des hommes à l’origine du projet s’appelle Mamady KEITA et il est attaché principal au service patrimoine et logistique. « Depuis quelques années, nous suivons des mesures rentrant dans le cadre de la Responsabilité Sociétale et Environnemental (RSE) , un engagement important sur la biodiversité » explique-t-il.

 « On a tout d’abord fait installer des ruches, et cette année on a voulu jouer sur la tonte des pelouses grâce à des animaux. On a approché une entreprise en amont, mais qui ne collait ni à nos valeurs ni au budget proposé. Après cela, nous avons =eu connaissance de Tondobelle, une entreprise locale et pleine de valeurs. Toutes nos attentes ont concordé, et il était donc logique de travailler avec eux » explique l’agent.

Si « les pensionnaires » comme il les appelle ne sont là que depuis peu, ils font déjà l’unanimité. « On a pas encore affiné le volet économique, il est sur que cela rentre dans les axes principaux de notre développement. Ne plus utiliser les tondeuses, cela permet de réduire la pollution sonore, de limiter la destruction de la biodiversité mais aussi de permettre à nos agents de se concentrer sur d’autres tâches d’entretien plutôt que la tonte de pelouse » détaille Mamady.

D’ailleurs, la prochaine étape pour Marchant, ce sera l’arrivée d’ânes afin de réaliser des recherches sur la médiation animale.

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