Paris sportifs chez les jeunes : quand le loisir se transforme en addiction

Antony sur une application de paris sportifs (Crédit : RPH)
Les paris sportifs prennent de plus en plus de place chez les jeunes. Grâce à des applications à l'interface pratique, et avec un côté ludique, beaucoup se laissent tenter. Mais rapidement, le jeu laisse place à un véritable cauchemar.

Winamax, Betclic ou encore Parions Sport. Ces noms vous sont sans doute familiers et c’est bien normal. Les paris sportifs sont rentrés dans la vie courante et les publicités pour en faire leur promotion s’affichent partout, tant en numérique qu’en extérieur. Avec une réelle efficacité. En effet, selon l’Autorité des jeux en ligne, 34% des parieurs ont entre 18 et 24 ans. Une clientèle très jeune, pas forcément consciente des risques qui accompagnent ce loisir pouvant rapidement se transformer en gouffre budgétaire.

C’est le cas d’Antony, jeune étudiant de 19 ans en économie. Adepte du pari sportif depuis la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, il retrace son parcours : « Avec des amis, on joue à un jeu, Mon Petit Gazon, où on doit essayer de trouver le score du match. Je me rends compte que je ne suis pas mauvais, et du coup, j’ai un pote qui me propose de commencer à mettre de l’argent dessus. Sur les applications, on a l’impression qu’on joue fictivement, que c’est de l’argent facile et on ne se rend pas compte de ce que l’on dépense. Au début, c’est plus du bonus qu’autre chose, on gagne souvent. Mais il y a toujours ce moment fatidique où l’on tombe à zéro dans notre solde. Et plutôt que de s’arrêter, on continue, et on parie, et c’est à cet instant que l’addiction prend le dessus.«  Mais comment s’explique un tel phénomène d’addiction ?

« C’est malsain, mais on est dans un engrenage« 

Ces applications de paris sportifs jouent sur un principe très simple : l’adrénaline. Avec jusqu’à 100 euros « offerts » dès le premier pari, les nouveaux joueurs veulent de suite fidéliser leur nouveau client. Et les inciter à rester grâce aux « côtes boostées ». En effet, tous les soirs ou presque, elles proposent des côtes soi-disant plus intéressantes, incitant ainsi le joueur a dépensé davantage d’argent. Une méthode assez malsaine, mais diablement efficace : « Je pense que de nombreuses personnes n’ont pas le contrôle sur leurs paris et c’est ça qui pousse le plus à la perte. Dernièrement, j’ai voulu faire un dernier pari en profitant d’une offre de bienvenue sur une nouvelle appli. Sauf que j’ai parié bêtement et j’ai perdu énormément d’argent. » témoigne Antony.

Devenu accro au bout de quelques mois sur ces applications, le jeune étudiant a réussi à s’en sortir grâce au soutien de ses proches. Face à des pertes conséquentes d’argent ces derniers temps, la sortie de cet engrenage, comme il l’appelle, était nécessaire. L’addiction, elle, avait pris le dessus : « Je pense qu’on ne se rend jamais compte d’une addiction, mais c’est quand on arrête qu’on voit tout le temps qu’on libère, la pression en moins, et le côté social qui s’améliore franchement. Lorsqu’on est bloqué dans cet engrenage, on s’isole vachement. On fait alors face à un vrai problème : celui de l’isolement. Tous mes temps libres étaient dédiés aux paris sportifs. Dès que je rentrais des cours, je consacrais mon temps à regarder les résultats sur lesquels j’avais parié. Tout le temps que j’avais pour appeler ma famille, mes proches ou mes potes, je le passais à voir si la côte que j’avais tentée était passée. C’est malsain, c’est une perte de temps, mais malheureusement on est dans un engrenage. » se désole Antony.

Les bureaux de tabac délaissés

Si ce dernier conseille d’éviter les paris sportifs à tout prix, il existe malgré tout plusieurs solutions pour sortir de cette addiction progressivement. La plus célèbre est de passer dans un bureau de tabac, pour se rendre compte de l’argent que l’on dépense avec des billets. Mais ces lieux semblent bien vides actuellement : « Ceux qui font l’effort de se déplacer, ce sont les anciens, les habitués, ceux qui en font depuis longtemps. Les jeunes, ils font tout via les applications, on n’en voit quasiment pas malheureusement.«  déplore Mounir, gérant d’un PMU.

Un PMU à Toulouse, où les jeunes ne sont pas nombreux

On rappelle que les paris sportifs ne sont pas à prendre à la légère et qu’ils sont soumis à une limite d’âge stricte. En effet, comme tout jeux d’argent, ils sont interdits à toute personne ayant moins de 18 ans.

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