La phobie scolaire, un trouble qui éloigne les gens

Dans la vie d’une personne en phobie scolaire

Dans beaucoup de cas de phobies scolaires, il arrive un moment où la personne touchée n’arrive plus à faire semblant que tout va bien. Elle va alors craquer, et dans une grande partie des cas, se renfermer sur elle-même, dans sa zone de confort.


Dans la plupart des phobies scolaires, la personne touchée encaisse tout le stress et toute la douleur, jusqu’au moment où elle n’arrive plus à le garder en elle. Et ça explose. Pour Léo, cela a pris plus d’un an.

Pour Estelle, presque deux. A partir de l’entrée en première pour lui et de la seconde pour elle, l’angoisse a commencé à se manifester. Ils ressentaient beaucoup de pression de réussir. Selon le docteur Barreau, psychiatre spécialisée dans l’accompagnement des adolescents, depuis la réforme du bac mise en place par l’ex-Ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer, de plus en plus de phobies scolaires se déclenchent au lycée, particulièrement en première.


La raison ? Avec ce nouveau bac, toutes les notes à partir de l’entrée en première comptent pour le contrôle continu. “Pour ces jeunes, cela revient à dire que chaque évaluation est une épreuve du bac, donc ils stressent comme pour une épreuve finale”, explique-t-elle.


Pour Estelle comme pour Léo, le vase a fini par déborder en fin 2021. “Un matin, Léo m’a réveillée en panique et m’a dit qu’il ne pouvait pas aller à l’école, qu’il n’en était pas capable”, raconte Nathalie, sa mère. “Je savais que ça n’allait pas et que c’était compliqué, mais je n’avais pas conscience d’à quel point”.

Pour Estelle, c’est un soir que ses angoisses ont pris le dessus. “Je n’allais vraiment pas bien depuis plusieurs semaines”, se souvient la jeune fille. “Ce soir-là, ma mère m’a forcée à aller voir une amie psychiatre. Elle m’a dit que j’étais en burn-out et en phobie scolaire, et qu’il fallait que je m’arrête immédiatement”.

Estelle dessine

L’importance de le détecter au plus tôt

Décrochage scolaire, visites fréquentes à l’infirmerie, isolement dans la cour de récréation : Autant de signes de la phobie scolaire. La psychiatre Marion Barreau alerte sur ces signes qui doivent mettre la puce à l’oreille de l’entourage. Des changements de comportements à la maison peuvent aussi refléter ce trouble, comme un manque d’appétit ou des insomnies.


Des situations qui peuvent entraîner des tensions. Souvent, les proches ne comprennent pas ce changement soudain. “Si l’enfant n’a rien montré jusque-là (beaucoup ne montrent rien), c’est très brutal pour l’entourage”. Pour illustrer ses propos, la psychiatre donne l’exemple des profils des enfants HPI (Haut Potentiel Intellectuel) qui sont plus sujets aux phobies scolaires. Ils développent généralement cette peur de se rendre à l’école par ennui. Les devoirs à faire à la maison peuvent devenir une véritable épreuve.


Le docteur Barreau rappelle que « si l’on ne voit pas les premiers symptômes d’une phobie scolaire, l’enfant fait toujours l’effort d’essayer d’aller à l’école, et lutte jusqu’au moment où il n’y arrive plus. » Un effort qui, additionné à l’épuisement scolaire, peut entraîner un renfermement sur soi.

“On essaye de chercher un sens à son existence”

Mais alors, lorsque l’on est en arrêt scolaire, en quoi consiste les journées ? “Au début, on se renferme sur soi”, explique le jeune homme. “Il avait beaucoup besoin de s’isoler”, se souvient Nathalie. Estelle aussi restait beaucoup seule. ”Je dormais beaucoup, ou je regardais des séries”. Elle avait besoin de faire une pause avec son quotidien, mais aussi avec ses pensées. “On essaye de retrouver son énergie vitale, de chercher un sens à son existence”. Un réel travail sur soi. Et puis, petit à petit, on sort de la torpeur dans laquelle on s’était installés.


La première chose qui a aidé Léo et Estelle, ce fut leurs animaux. Ils sont tous les deux les heureux propriétaires de chats, Oslo pour Léo et Tigra pour Estelle. “C’est important dans ce genre de situation d’avoir des repères”, explique Léo. D’après le docteur Barreau, les animaux, et particulièrement les chats, sont souvent recommandés par les thérapeutes en cas de dépression, d’anxiété ou d’autres troubles poussant le patient à se renfermer sur lui-même. Il existe même des thérapies qui s’effectuent avec des animaux, comme les chevaux, les chats ou encore les chiens ! Petit à petit, Léo et Estelle ont réussi à retrouver l’énergie de faire des activités : lire, dessiner, jouer de la musique, … “Il faut savoir s’occuper lorsque l’on est chez soi”, affirme Léo. Et doucement, réussir à sortir de sa bulle, et retrouver un rythme de vie.

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