Toulouse. Début des soldes : Entre déception, engagement local et conscience écologique

Homme avec un sac qui vient de faire les soldes.
Homme qui porte un sac après avoir fait les soldes. @JH
Les premiers jours des soldes ont sonné dans la Ville rose, et avec eux, une atmosphère teintée de déception chez de nombreux commerçants. Bien que traditionnellement synonymes d'affluence et de files d'attente devant les magasins, les soldes semblent perdre de leur éclat ces dernières années. Les raisons de cette déception sont multiples, allant de la croissance du commerce en ligne à une prise de conscience grandissante quant à la surconsommation.

Les soldes à l’épreuve du numérique

Les commerçants déplorent un début de soldes en demi-teinte, marqué par une fréquentation relativement faible. Cette situation contraste avec l’image d’antan où les clients se pressaient dès l’ouverture des portes, faisant la queue pendant des heures pour espérer acheter un simple tee-shirt ou refaire entièrement leur garde-robe. Pour Véronique et Mohamed, ce premier jour est en effet décevant. 

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution. D’abord l’influence grandissante du commerce en ligne. Les jeunes et les moins jeunes sont de plus en plus habitués à commander en ligne pour éviter ces fameuses queues à rallonge.

Foule devant un magasin avant l’ouverture. @JH

Aujourd’hui, de nombreux consommateurs préfèrent faire leurs emplettes depuis le confort de leur domicile, sur le canapé sans devoir bouger autre chose que leur doigt sur leur clavier. L’avènement des ventes privées en ligne et des promotions tout au long de l’année nuit forcément à l’effet attractif des soldes. Pour beaucoup, l’attente d’une baisse de prix n’est plus le moteur principal pour motiver leurs achats, étant donné la disponibilité constante de réductions sur Internet, comme sur ASOS, Boohoo etc.  

Les chevaliers des boutiques indépendantes 

Cependant, dans ce contexte de bouleversements, des voix s’élèvent en faveur des commerces locaux et indépendants. Un bon nombre de consommateurs considèrent les boutiques physiques comme des lieux d’expérience et d’authenticité. Ils préfèrent parcourir les rayons plutôt que de faire défiler des pages en ligne.

Vitrine de magasin pendant les soldes. @JH

Ces consommateurs ont à cœur de soutenir l’économie locale et de maintenir des emplois. Pour eux, l’achat en magasin ne se limite pas à une réduction, mais à une contribution directe à la vitalité du tissu commercial local. En bref, ils veulent se faire conseiller, essayer les vêtements, parler aux vendeurs, qu’on leur dise «  Oh mais ça va parfaitement avec votre teint de peau » alors que c’est sûrement faux. Ils veulent de l’échange. C’est le cas d’Alexis. Il n’a pas raté l’occasion de faire un peu de shopping et de s’acheter une chemise pour être trop « beaugosse ». 

Certains estiment aussi qu’il est essentiel de préserver la diversité des commerces pour lutter contre la standardisation induite par les plateformes en ligne.

L’éveil des consciences et la quête d’alternatives durables

Une tendance qui ne passe pas inaperçue c’est la seconde main, le VINTAGE. C’est surtout l’éveil des consciences face à la surconsommation. De plus en plus de consommateurs optent pour des choix éthiques et durables. Ils remettent en question l’idée de renouveler régulièrement sa garde-robe au gré des soldes et des saisons. Comme le dénonçait déjà Nekfeu, il y a quelques années, dans sa chanson Les Parisiennes : « Nouvelle saison = nouvelle garde-robe »

La seconde-main gagne en popularité et c’est exponentiel. Que ce soit les friperies, les plateformes de vente d’occasion en ligne comme Vinted ou Vestiaire Collectif ou même par les trocs entre férus de bonnes affaires. « J’achète très rarement de vêtements, j’achète seulement quand j’en ai besoin. Sinon c’est beaucoup de recyclage et de seconde main » confie Sylvie, retraitée. 

Femme portant un sac de course réutilisé. @JH

L’achat de vêtements et d’objets de seconde main devient ainsi une vraie alternative à la surproduction et à la fast-fashion. Cette année, mondialement, le marché global de la seconde-main a généré 105 milliards de dollars, dont 3.6 milliards concernent la vente de vêtements. Et nous, on trouve que c’est super. 

Cette prise de conscience s’inscrit bien-sûr dans une démarche qui vise à réduire l’impact environnemental de la mode, et aussi pour favoriser une consommation plus responsable et éthique. Et toi, tu pourrais aller dans les fripes? David nous a répondu. 

Donc même si pour David ce serait surtout par manque de moyens, ce n’est pas le cas de tous. « Avec tout ce qu’on sait, sur l’impact écologique monstrueux de faire un jean par exemple. Je pense que c’est fou de ne pas considérer sérieusement la seconde-main. C’est vrai qu’il faut fouiller un peu plus mais c’est tellement plus responsable » répond Charlotte. 

Ce début des soldes offre donc un tableau contrasté entre la désillusion des commerçants face au déclin apparent de l’effet « soldes ». Mais aujourd’hui nous voulons mettre en valeur la résilience de ceux qui continuent de privilégier le commerce local, ceux qui s’éveillent sur la surconsommation et qui ouvrent la voie à une transformation des habitudes d’achat. Ces évolutions dessinent les contours d’une nouvelle ère de consommation, où le choix éthique joue un rôle central.

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