Entre la seconde main et la fast fashion, le coeur des jeunes toulousains balance

Bien que les jeunes sont conscients de l'urgence climatique, il restent les clients les plus fidèles de la fast fashion. Crédits - Unsplash
Tiraillée entre la volonté de s’affirmer à travers les vêtements et la nécessité de s’engager en faveur de l’environnement, la génération Z (1997-2010) voit la seconde main comme une alternative de choix pour répondre à ses besoins. Pour autant, les jeunes ne sont pas encore parvenus à se détacher de la « mode jetable » ou autrement dit la « fast-fashion ». On fait le point sur la situation à Toulouse.

S’ils se disent conscients de l’urgence climatique, les adolescents semblent malgré tout partagés entre une mode plus responsable, à travers la seconde main, et une mode dite jetable. À Toulouse ce paradoxe s’illustre notamment par la sur fréquentation des magasins participant au fléau de la fast-fashion. 

Le grand paradoxe 

Décidée à ne pas se laisser enfermer dans des cases, la génération Z cultive certains paradoxes. C’est le cas dans la mode, où les jeunes se déclarent le plus souvent engagés, mais continuent de se tourner en masse vers des enseignes d’ultra fast-fashion comme Shein, Boohoo, et autre. Dans les rues de Toulouse aussi, le constat est sans appel. Le magasin controversé Zara situé rue Alsace Lorraine ne désemplit pas.

À la même heure, quelques rues plus loin, aux abords de la Daurade, les friperies sont d’autant plus respirables. « C’est aussi pour ça que je viens en fripe, le week-end comme en semaine il y a moins de monde que dans des magasins tels que Mango ou H&M » déclare Cynthia en sortant de la boutique Retropolis. 

La quantité plutôt que la qualité 

Selon un sondage réalisé par Odoxa pour la Fevad, la génération Z se distingue négativement du reste de la population française. En 2022, seuls 53% d’entre eux affirment vouloir acheter local en terme de mode. Pour justifier ces modes de consommations les jeunes s’appuient souvent sur le prix des vêtements « Made in France » : « Je ne peux pas me permettre d’acheter un jean fabriqué en France à 100 euros en sachant que je peux en avoir un pour 60 euros moins cher ici » constate Audrey, sac Zara en main. 

Cet argument, Adrien Olen, responsable de la friperie Green Vintage ne l’entend pas : « Je fais des prix plus attractifs que les grandes enseignes. Il n’y a plus aucune raison de privilégier le neuf à l’occasion » s’indigne-t-il adossé à son comptoir de caisse. « Ici vous trouvez des pulls à 20 euros qui vous tiennent des années, chez Zara ils vous reviennent à 40 euros et ils sont troués en un an ! » renchérit-il. 

Rattrapés par la culpabilité 

Malgré leur consommation excessive de produits neufs à bas prix, les jeunes ne sont pas contre la seconde main. À leurs yeux, le marché de l’occasion semble être la solution toute trouvée pour allier économie et écologie. En 2022 selon Thredup, près des deux tiers des membres de la génération Z affirment avoir acheté des produits re conditionnés ou de seconde main. Le gestionnaire de la toute récente boutique de seconde main toulousaie Green Vintage s’en réjouit « Même si il y a une réalité économique qui oblige ces jeunes à pousser la porte de mon magasin ça me fait plaisir de les voir consommer différemment. »

La vente d’occasion pousserait aussi à l’hyperconsommation 

Encore plus populaire que les friperies, il existe Vinted. Avec son concept d’achat-revente, la plateforme lituanienne a conquis près de 17 millions de Français. Mais selon Elodie Juge, docteure à l’université de Lille et autrice d’une thèse à ce sujet, ce succès est à nuancer. 

« Beaucoup de consommateurs vendent sur ces plateformes pour racheter derrière, avec dans l’idée d’aller toujours plus vite, de suivre le rythme de la fast-fashion. La motivation n’est pas d’être décroissant ni d’aller plus lentement », analyse-t-elle.

La course aux petits prix de certaines pièces pousse ainsi à se dire : « ce n’est pas grave, ce n’est pas cher » ou bien « je peux toujours revendre ». Toujours selon Elodie Juge, les plateformes encourageraient même la pratique. « Tout est fait pour que ce soit rapide : vous êtes noté sur le temps de réponse, pénalisé si vous n’envoyez pas les colis assez vite, quand l’emballage n’est pas soigné (…) Il faut être meilleur que les autres, avoir 5 étoiles », conclut la chercheuse.

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