Autoroute Castres-Toulouse : Quels impacts sur l’environnement ?  

"Non à l'A69" visible sur le RN 126. Crédit Photo : Alexandra Frenkel
Les locaux balmanais d’Atosca, le concessionnaire responsable de la construction et de l’exploitation de l'autoroute Castres - Toulouse, ont été vandalisés ce lundi 13 février 2023 au matin. Extinction Rebelion, un collectif écologique toulousain, qui revendique l’acte, proteste contre la concrétisation de ce projet en évoquant un écocide. Mais alors quels impacts environnementaux apportera l’A69 ?

Relier Toulouse à Castres en moins d’une heure en voiture, c’est ce que promet la future A69, mais à quel prix ? Ce projet fait grincer des dents les associations et collectifs écologistes qui dénoncent un écocide. De nombreuses actions sont menées pour protester contre le projet autoroutier, à l’image du saccage, ce lundi 13 février, des locaux d’Atosca, le concessionnaire à qui la construction et l’exploitation de l’A69 a été confiée. Un acte revendiqué par le collectif toulousain Extinction Rébellion qui proteste contre le lancement des travaux. “Ce projet ne va rien apporter sinon la destruction d’espèces protégées, d’arbres et de la biodiversité. C’est un projet inconséquent qui n’a pas été réfléchi en amont « , fustige Cendrine Froment, membre du Groupe National de Surveillance des Arbres de Haute-Garonne. 

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Les conséquences sur les terres agricoles et naturelles 

D’une distance de 52 kilomètres, l’autoroute s’étalera sur une surface de 300 à 400 ha. La bitumage de ces espaces provoquerait “la destruction de très bonnes terres agricoles nourricières de proximitées, selon Laurent Prost, membre du collectif La voie est libre, mais aussi l’abattage de 12 hectares de forêts et de dizaines d’arbres centenaires abritant des espèces animales protégées (des chauves-souris notamment), poursuit-il.

« A69 400 hectares bétonnés » Crédit Photo : Alexandra Frenkel

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Le concessionnaire se défend en invoquant un cahier des charges strict en ce qui concerne l’écologie. “Nous avons travaillé depuis 2019, avant même la sortie de l’appel d’offres, sur des inventaires environnementaux tout le long du tracé. On a vraiment eu pour objectif d’être exemplaire sur ce point-là tout en répondant à la demande du territoire.” assure Martial Gerlinger, Directeur Général de la Concession Atosca.

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Des problèmes hydriques 

Des risques d’inondation seraient également à prévoir, mais pas seulement. “Les travaux apporteront des modifications importantes de tout le réseau aquatique de surface et souterrain avec des tranchées de plus de 25 mètres dans des collines ou des champs en pente” affirme Laurent Prost. Toutes ces travaux auront un impact sur le réchauffement du sol, source d’évaporation. “Ainsi, l’eau évaporée sera perdue pour le bassin tarnais, tant pour les agriculteurs que pour l‘eau potable dont nous avons déjà cruellement manqué en 2022.” souligne l’activiste en évoquant la sécheresse de l’été dernier.

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En réponse à ces conséquences sur l’environnement, le directeur d’Atosca se défend en assurant “avoir travaillé sur toutes les compensations à réaliser.” Lorsque des impacts environnementaux sont impossibles à éviter, c’est le cas ici pour les zones humides ou de boisement, Atosca sera sommé de compenser les dégâts. Dans ce cas, 25 hectares de boisement devront être replantés.

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“On a ce souci d’être exemplaire sur les points de vue techniques et environnementaux, mais aussi dans la méthode de dialogue avec tous les partis concernés en apportant un soin particulier en ce qui concerne la concertation avec le territoire” ajoute le directeur d’Atosca. Depuis 2021, le concessionnaire à assisté à près de 120 réunions avec des maires et des riverains et a réalisé 11 réunions publiques.

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Des travaux qui devraient prochainement débuter  

Les travaux n’ont pour le moment pas encore débuté. Atosca vient toutefois d’obtenir l’avis des commissaires d’enquête jeudi dernier. Celui-ci donne un avis favorable sur le point de vue environnemental du projet, mais avec quelques réserves techniques. “Nous allons bien évidemment tenir compte de ses réserves dans la suite du processus.” assure Directeur Général de la Concession.

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Il appartient désormais aux préfets du Tarn et de Haute-Garonne de poursuivre la finalisation de l’arrêté d’autorisation environnementale. “Si tout va bien, cet arrêté devrait être délivré en mars, ce qui nous permettrait de commencer les travaux avec une livraison de l’autoroute prévue pour fin 2025.” poursuit Martial Gerlinger

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“À partir du moment où le préfet aura, plus que probablement puisqu’il a été nommé dans le Tarn à cette fin, donné le feu vert, nous engagerons des actions juridiques sur les nombreux vices que contient le processus soi-disant démocratique employé par les porteurs du projet” met en garde Laurent Prost.

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