Confiance envers les médias : ce que met en place le Monde

Gilles Van Kote, directeur des relations avec les lecteurs du Monde a tenu une conférence à l'ISCPA Toulouse. Crédit photo : Axelle Clerc-Pellegatta
Regagner la confiance des lecteurs : c’est l’objectif du journal Le Monde. Gilles Van Kote, directeur des relations avec les lecteurs du journal, explique les solutions mises en place pour lutter contre la défiance des Français envers les médias.

C’est une tendance observée depuis plusieurs années, l’actualité intéresse de moins en moins les Français. En 2022, 62 % des sondés portent encore un intérêt à l’actualité, un indice en chute libre depuis 2015 (76 %). De plus, seulement 44 % des personnes interrogées estiment « que les médias fournissent des informations fiables et vérifiées » et 62 % des sondés estiment que les médias ne sont pas indépendants du pouvoir politique. Les journalistes doivent donc tout mettre en oeuvre pour regagner cette confiance. 

« Le pari du journalisme de qualité » 

60% des articles du Monde sont payants ou « réservés aux abonnés ». À ce jour, 560 000 personnes sont abonnés au journal. « Ceux qui paient ont globalement confiance en notre média, sinon si ils ne payeraient pas », indique Gilles Van Kote, directeur des relations avec les lecteurs du journal.

De plus, plusieurs rubriques ont été mises en place sur le site internet du journal. Par exemple, « Les Décodeurs » dans laquelle on peut retrouver des articles de décryptage. En parallèle, le Monde réalise quotidiennement des longs formats ou enquêtes journalistiques. Ces articles nécessitent un temps d’écriture et de recherche plus long. Ayant plus de temps pour le faire, les journalistes peuvent donc se concentrer sur un contenu plus qualitatif. « On a fait le pari du journalisme de qualité », précise Gilles Van Kote. 

Indépendance éditoriale 

Dans les critiques souvent retenues, les Français accusent les journalistes d’être influencés, voire sous l’ordre du gouvernement. Effectivement, le grand public s’est indigné encore cette semaine en apprenant que le président de la République Emmanuel Macron avait invité des journalistes choisis pour un repas à l’Élysée. « Nous voulons faire comprendre que ce genre de repas c’est juste une façon de recueillir la parole d’Emmanuel Macron, car c’est compliqué d’y accéder », indique Gilles Van Kote. 

Le journal Le Monde affirme avoir gardé son indépendance. Si le groupe a des actionnaires tels que Xavier Niel, propriétaire de Free, « nous avons toujours gardé notre indépendance éditoriale », précise le directeur des relations avec les lecteurs. Le Monde se dit également être de centre-gauche. « Aucun parti politique ne nous apprécie, mais tant mieux finalement », rit Gilles Van Kote. « La neutralité n’existe pas, nous faisons notre maximum pour être objectifs » rajoute-t-il. 

Impliquer la jeunesse

Un des objectifs du journal est de fidéliser ses lecteurs. Pour cela, le média est allé chercher les plus jeunes. Par exemple, sur Snapchat avec une émission quotidienne regardée par les jeunes de 13 à 15 ans. « On a considérablement rajeuni notre lectorat », explique Gilles Van Kote. 

La plupart des gens, notamment la jeune génération, dénoncent également l’anxiété créée par l’actualité. « On sent que les informations négatives créent de l’anxiété et c’est lourd pour les lecteurs », rajoute le directeur des relations. Le Monde essaie donc de développer des formats plus « positifs », notamment avec du journalisme de solution. « Nous allons lancer une série sur l’adaptation à l’urgence climatique », affirme-t-il. 

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