Le 28e rapport de la Fondation Abbé-Pierre pointe le mal-logement en France

30.000 nouveaux sans-abris en France depuis l'année dernière. Crédit photo : Ludovic Celle
Le 28e rapport de la fondation Abbé-Pierre sur le mal-logement en France publié ce mardi 31 janvier est accablant. Le nombre de personnes sans-abri a plus que doublé en dix ans.

Ce sont quelques 330.000 personnes qui vivent actuellement dans la rue, dans des abris de fortune, dans des hôtels ou en centres d’hébergement. C’est ce qu’indique le 28e rapport annuel de la fondation Abbé Pierre.

Cette année la fondation Abbé-Pierre s’est concentrée sur la question du genre dans l’accès au logement. Le rapport revient aussi sur la politique « Logement d’abord » lancée par le gouvernement en 2017. Lancé à Toulouse, ce plan avait d’abord pour but la lutte contre le sans-abrisme et faire de l’accès direct au logement une priorité pour la réinsertion des personnes sans domicile.

Une politique quinquennal « logement d’abord » appliquée que très partiellement à Montpellier, Nîmes et Toulouse

Dans ces trois métropoles, l’idée était de considérer que l’accès au logement était la condition principale pour la réinsertion des personnes sans abris. Un objectif non-atteint puisque le rapport pointe « l’insuffisance » des efforts du gouvernement dans ce domaine pour y parvenir.

Depuis l’année dernière, la fondation Abbé-Pierre décompte quelques 30.000 nouveaux sans-abris en plus. C’est une augmentation de 130 % par rapport à 2012, date de la dernière étude de l’INSEE à ce sujet.

Le rapport dénonce aussi l’année 2022, trop pauvre dans la lutte contre le mal-logement. Le texte pointe la « très faible place consacrée au logement dans le programme d’Emmanuel Macron et l’absence de ministre du logement pendant des mois […] « .

4.15 millions de personnes mal logées en France

La Fondation compte dans ces 4.1 millions, les personnes sans logement personnel, celles vivant dans un lieu trop petit pour elles ou encore les habitations privées du confort de base c’est-à-dire sans cuisine ou toilettes, ou même sans chauffage.

Les causes pointées par le rapport sont multiples : des loyers trop peu encadrés par exemple. Un autre problème est la « faille dans la régulation des marchés locatifs » c’est à dire des logements Airbnb. Les bailleurs non professionnels font en effet quitter leurs logements au parc locatif privé de longue durée « pour être consacré quelques semaines par an aux touristes, provoquant nuisances de voisinage, pénurie et hausse des prix ».

Un autre motif est « la ponction sur le monde HLM ». La raison étant que Bercy cherche depuis 10 ans à faire des économies dans ce secteur. Les causes sont notamment les coupes budgétaires dans les APL et dans les ressources des bailleurs sociaux.

Une étude basée sur le genre comme facteur de vulnérabilité dans les parcours résidentiels

La fondation Abbé-Pierre s’est intéressée notamment sur les vulnérabilités subies par les femmes et les personnes LGBT +. L’étude montre que ces personnes risquent de basculer dans le mal-logement à quatre moments de leurs vies : le départ du domicile familial, une séparation conjugale, le veuvage et l’héritage.

L’étude précise que :  » face au logement, être un homme ou une femme affecte considérablement les risques de subir diverses dimension du mal-logement « . De plus « l’aide institutionnel apparaît fortement genrée ». L’étude explique cela par « les femmes célibataires, qui bénéficient de moins de bonnes conditions d’emplois et de revenus, sont moins logées ».

Vous pouvez retrouver le rapport de la fondation Abbé-Pierre ici : REML2023_WEB.pdf (fondation-abbe-pierre.fr)

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