Le tatouage, un effet de mode perpétuel

De Rihanna, à Justin Bieber en passant par Julien Tanti (télé-réalité), ces personnes massivement suivis sur les réseaux sociaux, influencent la façon de se tatouer.

De Rihanna, à Justin Bieber en passant par les stars de télé-réalité, ces personnes massivement suivis sur les réseaux sociaux influencent la façon de se tatouer. Arthur Karp, jeune tatoueur, revient sur ces effets de mode et offre quelques conseils aux futurs artistes.

Passionné de dessin depuis son plus jeune âge, Arthur a probablement plus gribouillé dans ses cahiers que recopié des lignes de cours. Des croquis qui, finalement, vont le suivre toute sa vie. A 26 ans, il est maintenant tatoueur à Ax-Les-Thermes, un village d’Ariège. « C’est une bonne manière de bien gagner sa vie, tout en dessinant. » 

Ses premiers coups d’aiguilles, c’était il y a dix ans. Il avait alors 16 ans lorsqu’il s’est muni de sa première machine et qu’il a tatoué pour la première fois la peau d’un de ses amis, dans son petit appartement. « En vrai, c’était cool, c’est de bons souvenirs. » De fil en aiguille, il a saisi toutes les opportunités qui s’offraient à lui. « Un tatoueur a accepté de me prendre en apprentissage. » Dix ans plus tard, il a ouvert son propre tattoo shop : Pistache Tattoo

Mais il ne faut pas s’y méprendre, c’est un « monde difficile ». En effet, « C’est un peu comme dans tous les milieux. Les anciens se méfient des nouveaux. C’est parfois fastidieux de trouver un tatoueur qui veut bien vous prendre en apprentissage. » Alors pour apprendre, les jeunes tatoueurs commencent chez eux, sur leurs amis ou sur eux-mêmes. Mais évidemment, les tatoueurs déjà installés n’apprécient pas ces pratiques. « Ils payent un loyer donc ils ne veulent pas se faire voler leur clientèle » Maintenant qu’il est installé, Arthur commence à avoir cette mentalité, mais reste compréhensif. « On a tous commencé chez nous, même moi, donc c’est normal et puis, il faut savoir partager notre pain. » 

« Dessine, dessine, dessine, re-dessine et porte tes cou*lles. » Une recette qui parait simple de prime abord, mais sans les assaisonnements adéquats, elle ne sera pas bonne. « Il faut se faire tatouer, il faut aller en convention, il faut passer 2-3 heures à regarder un mec tatouer, à regarder sa technique. » Un travail en amont nécessaire car il ne faut pas oublier que « vous allez apposer quelque chose à vie », alors c’est « important de savoir ce que l’on sait ou ne sait pas faire. » 

Un monde d’influence 

Arthur tatoue des fleurs, des crânes, des traits fins, mais il ne fait pas de couleur. Il ne tatoue pas le visage non plus, même si lui en possède quelques-uns. « Les tatouages sur le visage, c’est ce que j’appelle le « suicide sociale« . c’est-à-dire qu’à partir de là, c’est difficile de faire un autre métier. » Lui l’a fait, mais lui, a pris le temps de réfléchir à ce geste. Ce qui n’est parfois pas le cas des plus jeunes…

« Encore tout à l’heure, un jeune, est passé, il voulait un diamant sur la main. » Une demande qu’il a refusé. « Un premier tatouage, faire une pièce visible, ce n’est pas vraiment une bonne idée. Il faut commencer doucement. » 

Il explique l’évolution de ces demandes par l’influence qu’ont, justement, les « influenceurs ». « Vraiment, je remarque que l’émission Les Marseillais, ont beaucoup d’influence sur les jeunes. Ils sont tatoués, et les gosses veulent faire pareil. » Des manchettes entières, au paterne, (des formes géométriques répétitives, ndlr) les demandes sont pour beaucoup « bizarrement ressemblantes à ce que portent les gens de ce type d’émission. » Mais ne leur jetons pas la pierre, ce n’est pas la seule génération à avoir été influencée. « Rihanna, quand elle s’est fait son « Shhh… » sur le doigt, tout le monde voulait le faire. Angelina Jolie, quand elle s’est faite tatouer le haut du dos avec des textes en pali (langue du bouddhisme, ndlr), c’était pareil. »

Alors pour pallier à ces influences, Arthur accompagne ses clients, en essayant de leur proposer des choses. « Quand ils me demandent le prénom de leur enfant, j’essaye de les amener ailleurs. Un dessin en rapport avec lui, qui le représente, un objet… à la place du prénom, par exemple. » Finalement, ce ne sont que des effets de mode inévitables, mais avec lesquels il faut composer.

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