Florence Vernejoul : Vivre à l’étranger, malgré tout

Florence Vernejoul est une professeure des écoles française. Globe-trotteuse et passionnée par les cultures étrangères, elle a choisi d’allier sa passion à son métier en partant enseigner ailleurs dans le monde. Depuis 2012, Florence vit au Congo où elle enseigne dans un lycée francophone de la capitale. Une vie loin de chez elle entre un partage culturel et un sentiment d’isolement parfois fort.

Alors que nous contactons Florence le dernier week-end de novembre, elle nous répond quelque peu essoufflée « Excusez-moi j’étais en train d’installer une moustiquaire. Oui c’est à ça qu’on occupe nos après-midi le dimanche ici ! (Rires) ». Le fuseau horaire est le même qu’en France, mais le climat est bien différent dans la République du Congo. Et c’est bien de là-bas que nous parle Florence, dans son appartement à Brazzaville, capitale du pays. Le week-end évidemment, puisque le reste de la semaine est consacré à ses « loulous », ses élèves qu’elle passe ses journées à éduquer et pour lesquels elle passe des soirées à chercher de nouvelles activités, de nouvelles choses à apprendre avec eux. Dans son appartement, on remarque de suite la décoration, fier affichage de ses voyages dans différents pays d’Afrique. Masques, peintures, sculptures et figurines habillent le salon blanc depuis lequel elle nous parle. Autant de preuves de sa soif de découvertes. Une soif qui l’a poussée à vivre ici, malgré les conditions de vie bien différentes de celles qu’elle a connues en France.

Partir loin, loin

Dans les études, Florence juge avoir eu un parcours sans trop d’embûches. Un bac scientifique, plusieurs concours en lien avec l’éducation puis un stage dans l’école de son enfance lui font réaliser qu’elle veut devenir professeure des écoles. Dans le même temps, Florence commence enfin à s’envoler. Dès qu’elle a un peu d’argent elle part avec des camarades de fac. La jeune prof décide d’assouvir sa passion pour la culture africaine. Elle visite ainsi de nombreux pays d’Afrique… À son retour en France, Florence a des étoiles plein les yeux et déjà envie de repartir. Alors quand elle découvre qu’il est possible d’être envoyé à l’étranger pour enseigner dans un établissement français, elle n’hésite pas « C’est incroyable mais quand on devient prof, on est pas du tout informé qu’il existe des établissements à l’étranger dans lesquels on peut aller enseigner. Alors quand j’ai appris ça, c’était le début du rêve ». Florence est ainsi partie travailler trois ans dans l’ouest des États-Unis, à San Francisco. De retour en France en 2009, elle ne pense qu’à une chose « Il faut que je parte ailleurs, c’est pas une vie qui me convient ».

Florence commence alors à chercher un poste libre en Afrique, sa terre de cœur. Elle découvre que des places sont disponibles au Congo, dans un lycée de Brazzaville. Alors en 2012, elle se lance dans ce qu’elle appellera tout simplement une nouvelle aventure. Un nouveau travail dans ce pays d’Afrique Centrale qu’elle n’a jamais foulé. Voyager et découvrir un pays est une chose. Y vivre en est une autre. « San Francisco c’est cool, l’Afrique c’est bof ». Un exemple de ce qu’a pu entendre Florence quand elle a annoncé à ses proches huit ans plus tôt qu’elle comptait partir enseigner à Brazzaville. Les réactions étaient très partagées. Particulièrement pour son père, qui n’encourageait pas cette idée. Pour sa soeur Fabienne, ces départs sont toujours durs, mais elle assure supporter les choix de Florence « Ma soeur a une capacité d’adaptation que je n’aurais jamais imaginé. Même si sa présence physique me manque, je suis heureuse qu’elle mène ces expériences professionnelles à l’étranger ». Alors vient le temps des embrassades, on promet de se revoir dans quelques mois, de téléphoner régulièrement, puis il est temps d’embarquer.

Pas de courant, un peu d’eau et beaucoup de coeur

Crédits : Yanick Loutonto

Pour la prof, les défis sont nombreux à Brazzaville. Déjà, il faut s’habituer à un nouveau climat qui est lourd, mais qui au moins permet de partir au travail tous les jours de l’année en sandales. Après cela viennent les problèmes d’infrastructures. Le courant se coupe au moins une fois par semaine, parfois pendant deux jours entiers. Et n’essayez même pas de boire l’eau courante, au risque d’attraper une maladie « Et dans ces cas-là ne comptez pas trop sur les hôpitaux, il n’y en a aucun digne de ce nom par ici ». Si vous surmontez tout cela, alors vous pourrez profiter comme Florence d’une grande richesse culturelle posée devant vos yeux. Les fameux sapeurs congolais côtoient d’autres personnes habillées en tenues traditionnelles dans les « makis », les bars africains. Les rues sont embaumées des odeurs de plats traditionnels et on peut entendre des notes de rumba dans certaines rues « C’est ça qui m’a vraiment plu. Ici les gens vivent vraiment dans des conditions qu’on ne souhaite à personne, mais ils gardent toujours le sourire ». Évidemment les rencontres avec les habitants et les nouveaux collègues arrivent. Corinne Greco est enseignante dans le même lycée que Florence. Elle a trouvé en cette dernière une amie lors de son arrivée dans l’établissement « Elle peut d’abord paraître difficilement approchable à cause de son franc-parler, mais une fois cette première impression passée, on découvre une personne très sensible qui aime partager ».

Une fois l’euphorie du voyage passée, le quotidien s’installe. Et dans son appartement, loin de sa famille, Florence se sent parfois seule. D’autant plus avec le couvre-feu mis en place à cause de la Covid. Yanik Loutonto, un Congolais ami avec Florence depuis cinq ans, peut en témoigner « Elle m’a toujours dit que sa famille lui manque beaucoup, surtout sa jumelle. Mais elle a la tête sur les épaules et sait ce qu’elle veut ». Florence ne démentira pas cela. Quand nous lui demandons avant de raccrocher si elle a des regrets, elle n’hésite pas dans sa réponse « Je ne regrette absolument rien. La France est ma maison, mais c’est ici qu’est ma place ».

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