Les blouses blanches appellent les pouvoirs publics à l’aide

Les professionnels de la santé s’expriment peu sur leur quotidien. Mais face à la grave détérioration de leurs conditions de travail, les langues commencent à se délier. Nous leur avons donné la parole .

À l’occasion de la journée de mobilisation nationale sur le manque de moyens à l’hôpital, certains ont décidé d’alerter sur une situation qui se détériore de plus en plus. Et l’un des principaux responsables de cette détérioration des conditions de travail, c’est le manque de moyens.

Manque de personnel, de matériel et déshumanisation des soins

Le manque de moyens dans le domaine de la santé se traduit d’abord par un manque de personnel. Une situation qui conduit à des situations alarmantes. Céline, agent de soin depuis trois ans dans la région de Saint-Etienne explique : « nos résidents sont parfois livrés à eux-mêmes pendant deux heures le soir, alors que nous sommes dans une unité protégée avec des patients qui méritent une surveillance en continu. » Un manque de personnel qui impose une cadence infernale pour les soignants. « J’ai déjà vu une seule soignante pour coucher 22 résidents en 1 heure 30. Pour gagner du temps, on est parfois obligés de coucher des résidents à 17h, et de les faire manger en chambre. Cela ressemble plus à du gavage qu’à de l’aide aux repas. »

Des situations qui touchent directement les patients et qui déshumanisent la profession. Deux infirmiers à l’origine du « Mouvement des Blouses Blanches » déplorent cette disparition de l’humain : « on n’a plus le temps d’offrir des soins relationnels aux patients et résidents. Avec des effectifs réduits, l’humain devient l’objet. » Une ancienne infirmière d’un CHU de province, aujourd’hui en disponibilité pour des raisons de santé, va plus loin : « on a l’impression de n’être que des pions. La dimension humaine dans les soins a été détruite pour toujours plus de rentabilité.»

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Un manque de moyens qui se traduit aussi par un manque de matériel. Teddy, infirmier depuis deux ans dans une unité de médecine gériatrique aigüe en région parisienne raconte : « on a un manque de matériel, notamment pour les transferts de patients. Ce qui fait qu’on est parfois obligés de porter les patients les plus grabataires. »

Tension et mal-être du personnel soignant

Toutes ces situations influent sur le mal-être du personnel. Teddy confirme être frustré dès qu’il ne peut pas prendre correctement en charge ses patients. « La profession est sans cesse en tension, certains la gèrent plus ou moins bien, et d’autres ne la supportent plus. J’ai des jeunes collègues déjà en burn out à cause des conditions de travail, du salaire, des horaires… personnellement je la supporte grâce à mes collègues, on se soutient beaucoup. Mais jusqu’à quand je vais tenir, je ne sais pas…»

Aujourd’hui, certains soignants vivent de plus en plus mal cette dégradation des conditions de travail. « Nous souffrons de notre métier, et nous savons d’ores et déjà que dans des conditions pareilles, nous ne pourrons pas l’exercer toute notre vie. » expliquent les créateurs du « Mouvement des Blouses Blanches ».

Journées à rallonge, pas de temps pour prendre une pause ou même aller aux toilettes, le quotidien des soignants devient invivable. Et pour essayer d’alerter les pouvoirs publics et la population sur cette situation, certains ont décidé de créer collectifs et pétitions. Des initiatives pour demander, en premier lieu, une revalorisation des salaires en fonction des responsabilités et de la pénibilité de chaque corps de métier.

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