Lycée du bois, à Revel, une grande famille polyvalente

Qui a dit que les études supérieures devaient s’effectuer dans les grandes villes ? Adieu Paris, Lille ou encore Toulouse. Bienvenue à Revel, cité du meuble d’art où, chaque année, près de 400 étudiants sont formés à ces métiers peu connus et pourtant si réputés. Ébénisterie, marqueterie, restauration de mobilier ancien et tapisserie-décoration, tour d’horizon des formations enseignées au « LEP du bois ».

 

À 60 kilomètres de Toulouse, Revel. Cité du meuble d’art, reconnue comme « Villes et métiers d’art » et réputée pour son lycée d’enseignement supérieur, son « LEP du bois » (Lycée d’Enseignement Professionnel). Ici, on passe des salles de cours classiques aux ateliers en un tour de main. Et les traditionnelles fournitures scolaires sont très vite remplacées par des scies, des équerres, des marteaux, des râpes ou des racloirs. Une véritable petite usine avec ses machines, ses outils, ses matériaux et donc son propre magasin. Un établissement « professionnalisant », où se côtoient les différents corps de métier liés au meuble d’art et au bois.

« C’est un des rares établissements scolaires, en France, où l’ébénisterie, la marqueterie ou encore la tapisserie sont enseignées dans un seul et même lieu. Le lycée professionnel de l’ameublement offre une formation des plus polyvalente« , commente Hervé Barrié, proviseur adjoint.

 

Une réputation à la hauteur des écoles parisiennes

Chaque année, 400 jeunes âgés de 14 à 25 ans viennent faire leur apprentissage ici, à Revel. Étrange idée que de venir dans une petite ville comme celle-ci, qui ne regroupe finalement que 10 000 âmes, pour faire ses études. Pourtant, ils viennent des quatre coins de la France pour découvrir, façonner et travailler le bois. C’est le cas de Solène, originaire de Franche-Comté et étudiante en DMA (Diplôme des Métiers d’Art) ébénisterie : « J’ai entendu parler du LEP, de ses différentes formations, mais aussi de sa réputation. C’est surtout ça qui a dirigé mon choix. » D’autres, à contrario, ont opté pour cet établissement par défaut : « Seulement deux lycées proposent un DMA d’ébénisterie. Celui-ci et celui de Boulle, à Paris. Mon premier choix était celui de la capitale, mais je n’ai pas été pris, alors je suis venu ici« , explique Luka.

Le LEP de Revel peut également se vanter d’autres formations uniques ou du moins rarement enseignées en France, à l’instar des CAP art du bois option tourneur et menuisier en siège.

« C’est presque un passage obligé, déclare Joël Mittou, professeur en marqueterie, un savoir unique est enseigné ici, on ne peut pas passer à côté.« 

Aussi, chaque année, l’établissement permet à ses étudiants de participer au Meilleur Artisan de France, le MAF. « Durant deux années consécutives nos étudiants on reçu ce prix, signe de la qualité d’enseignement, mais également du talent de nos jeunes« , s’enthousiasme Jean-Claude Grout, intervenant en option tournage.

 

Des métiers oubliés à conserver

« Qui dans votre entourage est déjà entré au LEP ? Personne, ou du moins très peu, même si vous êtes du coin« , regrette Sabine Calvo, en charge du magasin. Réputé, mais pourtant peu connu du grand public, tout comme les disciplines qu’il propose. En effet, si tout le monde connaît le métier d’ébéniste, ou du moins semble le connaître, peu s’interrogent sur les autres domaines d’études du bois, pourtant tout aussi essentiels.

« Nous enseignons ici des métiers peu connus ou avec peu de débouchés. Mais il faut savoir que chaque discipline est essentielle, nécessaire quant au bon fonctionnement des autres. Il y a une réelle complémentarité des formations. Les compétences sont transposables ce qui permet de combiner plusieurs formations« , commente David Ourliac, enseignement de menuiserie en siège.

De cette façon, les étudiants privilégient des parcours prolongés. Certains peuvent rester cinq à sept ans au sein du LEP dans l’idée d’obtenir deux à trois diplômes différents. Cette polyvalence assure un avenir à cette nouvelle génération bien consciente de la difficulté des métiers dans lesquels elle se lance. « On rêve tous de créer notre entreprise, de réaliser nos propres créations. Mais tout ça reste idéaliste et un peu fantaisiste. Il faut garder les pieds sur terre…« , raisonne Luka.

« Les métiers du bois sont en train de changer. On travaille différemment désormais, avec différents matériaux, des éléments moins classiques et plus modernes, analyse Sabine Calvo. Mais demandez à n’importe quel professeur, ils s’accorderont tous sur une chose : ici, on fait de l’art !« 

La petite ville loin de la grande Toulouse

Malgré tout, cela ne refrène pas les jeunes. « Je dirai que nos étudiants représentent pas loin de 40 départements différents. Ils viennent de partout pour étudier ici« , souligne Hervé Bassié. Pourtant, la cité du meuble d’art est loin d’être reconnue comme ville étudiante.

« C’est vrai qu’ici, la population est assez âgée, a remarqué Luka, 22 ans, étudiant en DMA ébénisterie. Puis, on est loin de tout. Il n’y a pas de musées, pas de fournisseurs sur place. L’ouverture sur le monde est assez limitée, finalement, même si, aujourd’hui, on a internet. »

Cet éloignement de la ville, les étudiants les regrettent, mais les professeurs aussi :

« C’est vrai que d’un point de vue culturel, Revel est assez pauvre. Il est compliqué d’organiser des visites dans les musées puisqu’ils sont assez loin. Mais le métier reste le même, que ce soit ici ou ailleurs, rien ne change. La qualité de l’enseignement prime sur tout le reste », positive Joël Mittou. C’est sûr que c’est un inconvénient, mais je pense que le niveau de formation est quand même de bonne qualité. Il équivaut aux autres établissements.« 

Toutefois, tous s’accordent à dire que le lycée professionnel de l’ameublement représente « presque une famille« . « Peu importe la filière emprunté, les élèves se côtoient, ils connaissent les différents intervenants. Il y a une réelle entente dans les classes, un esprit d’équipe qui élimine toute compétition ou toute rivalité. Ils sont là pour la même chose : obtenir leur diplôme à la fin de l’année« , réagissent à l’unisson intervenants et étudiants.

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