La Fondation Abbé Pierre a rendu public aujourd’hui son 23e rapport annuel sur le mal-logement en France. Au-delà de ce « fléau de société », la Fondation met en lumière le problème de sur-occupation de certaines habitations. L’organisation accuse notamment le gouvernement de ne pas mettre en place de bonnes conditions pour améliorer la situation.
Quatre millions de personnes mal-logées ou privées de domicile : un nombre sur lequel la fondation alerte depuis l’année dernière. Elle considère également 15 millions de personnes touchées par la crise du logement.
« Logement d’abord »
Si Emmanuel Macron plaidait la cause des sans-abris et des mal-logés durant sa campagne présidentielle, ses actes ne traduisent pas ses paroles d’après la Fondation Abbé Pierre. L’organisation dénonce les décisions gouvernementales annoncées depuis six mois : entre autres, une diminution des aides personnalisées au logement (APL), la répression contre les personnes migrantes. Selon elle, et en s’appuyant sur le budget voté par le gouvernement, les aides au logement versées aux locataires d’habitations à loyer modéré (HLM) auraient baissé de 1,5 milliard d’euros. La fondation Abbé Pierre qualifie les décisions gouvernementales de « profondément inquiétantes ».
Des paroles et des actes en incohérence
Le Premier ministre fixait trois objectifs concernant cette problématique à la fin du mois d’août :
- la protection des plus fragiles
- l’augmentation de l’offre de logements dans les zones où la situation est la plus « tendue »
- la modernisation des aides au logement, de plus en plus sollicitées au fil des années
Dans son rapport, la Fondation retient deux principales décisions en incohérence avec ces dires : la baisse des APL de cinq euros par mois depuis octobre 2017, « accentuée par le gel des APL au 1er octobre 2018 » et la « coupe » des aides au logement pour les locataires des HLM. En effet, ces derniers devraient subir la diminution d’« environ 60 euros par mois » d’après la Fondation, qui craint que cela implique une « chute de la construction, de la réhabilitation, de la qualité de l’entretien des bâtiments et du service rendu aux locataires ».
Les aides personnalisées au logement sont la grande inquiétude de la Fondation. « Au final, si l’on cumule toutes les mesures d’économies budgétaires décidées en seulement quelques mois, la baisse engagée des APL est considérable. »
Néanmoins, la Fondation Abbé Pierre ne perd pas l’espoir d’une amélioration, elle reconnaît même un « premier pas » et accorde au gouvernement le bénéfice du doute pour les choix à venir. « Il est encore temps, en ce début de quinquennat, de redresser le tir ».