« Les enfants victimes de viol étaient auditionnés dans le couloir »

L’association « La Mouette » présidée par Annie Gourgue a inauguré lundi soir la 17ème salle Mélanie de France, au commissariat central de Toulouse. Cette salle permettra désormais à la police d’interroger un enfant victime de viol dans des conditions adaptées à l’enfant.

Des poupons, des doudous et des murs pastel. Telle est la salle où les enfants victimes de viol pourront désormais témoigner de manière plus libérée, à la brigade de la protection des familles. L’association « La Mouette », à la demande des fonctionnaires de police, a décidé d’assurer la réalisation d’une nouvelle « salle Mélanie » en France. « Quand on a proposé à l’association d’aménager une salle Mélanie au commissariat central de Toulouse, je me suis rapidement rendue sur place. J’ai alors vu que les enfants victimes de viols étaient auditionnés dans le couloir. Je n’ai pas réfléchi plus longtemps et j’ai immédiatement lancé le projet » confie Annie Gourgue, présidente de l’association. « Je veux qu’en poussant la porte ces enfants puissent se reconstruire » lance Annie Gourgue lors de son discours d’inauguration.

Grâce à une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule et à l’argent que l’association perçoit en dommages et intérêts en se positionnant partie civile lors de certains procès, ce nouvel endroit a pu voir le jour. D’un coût total de 22.600 €, 12.000 € ont été pris en charge par l’association, 3.400 € par le Conseil Général, 3.500 € par le Conseil Régional, 3.000 € par Toulouse Métropole et le reste par des donneurs anonymes.

L’efficacité de ces « salles Mélanie », du nom de la première petite fille à avoir été interrogées dans ces conditions, est déjà reconnue par les Brigades de la Protection des Familles (ex-Brigade des Mineurs). « Une dame est même revenue nous voir avec son enfant trois ans après » se remémore Alain Simoes, brigadier de Police à Toulouse, à l’époque en fonction à Agen. Pour ce dernier, cet endroit permet à l’enfant de parler de façon plus libérée. « Les meubles sont réduits à leur hauteur, la table ronde au centre est transparente pour voir les gestes qu’il ou elle fait en dessous, et des jouets sont à disposition pour montrer à l’enfant qu’il ne craint rien. Le tout est filmé et enregistré pour ne pas que l’enfant n’ait à se répéter » détaille le brigadier. Juxtaposé à cette salle, un petit local permet aux policiers de voir la « déposition » depuis l’intérieur, grâce à un miroir sans tain.

Aujourd’hui, 18 salles Mélanie ont été ouvertes, dont 17 en France et une à Athènes, en Grèce.

Une chanson pour aider l’association

Sans l’aide apportée par Guillaume Parma, auteur et compositeur de musique, l’aménagement de cette pièce aurait été plus difficile. Contacté par Annie Gourgue après avoir écouté une de ses chansons, Guillaume Parma a accepté d’écrire « La photo de classe » pour aider financièrement « La Mouette ». « Au début, je n’étais pas sûre d’y arriver. L’enjeu était de taille, et en valait la peine. Mais grâce aux conseils d’un collègue musicien, j’y suis arrivé et nous avons pu vendre entre trois et quatre mille CD » s’enthousiasme-t-il. « On a amorti près d’un tiers des frais pour ce projet sur Toulouse. » Chaque CD est vendu huit euros, et sont entièrement reversés à l’association.

Guillaume Parma, auteur et compositeur de « La photo de classe ». Photo : Léo Rebeyrol

Cette chanson est inspirée d’un drame qui s’est produit il y a 21 ans à Agen, où la petite Marion a disparu, et n’a toujours pas été retrouvée. L’artiste a toutefois décidé de l’écrire sur un fond de gaieté.

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